Par Eric Kaba Tah, Directeur adjoint et chef des relations extérieures de LAGA
Le pangolin, l’un des animaux les plus uniques et fascinants de la planète, fait face à une grave menace sous la forme du commerce illégal de sa viande et de ses écailles. Ce commerce pousse l’espèce au bord de l’extinction, bien qu’elle soit protégée par la loi. Les écailles finissent invariablement dans des réseaux de trafic où elles sont stockées en grandes quantités et exportées, principalement vers des pays comme la Chine et le Vietnam. La viande, quant à elle, se retrouve dans de grands centres urbains où elle est vendue et consommée illégalement dans les ménages.
Selon la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), la principale menace pour la plupart des espèces de pangolins est la chasse et le braconnage illégaux. Le commerce illégal permet également à la corruption de prospérer, permettant aux réseaux spécialisés de transporter des marchandises de contrebande en vrac.
Le commerce illégal des écailles de pangolin a conduit à des réseaux de trafic qui les transportent par les ports de villes comme Douala et Limbe. Des saisies récentes dans ces villes ont montré que les écailles étaient expédiées au Nigeria et dans diverses parties de l’Asie. Dans un cas, un ressortissant chinois a été surpris en train de tenter de faire sortir 80 kg d’écailles de pangolin de Limbe en avril 2013 via des bateaux vers le Nigeria. Le commerce illégal des écailles de pangolin alimente l’extinction de cette espèce unique, et des mesures urgentes sont nécessaires pour arrêter ce commerce illégal.
Les responsables dépendent en grande partie du partenariat avec des groupes comme The Last Great Ape Organisation (LAGA) pour lutter contre le commerce illégal des écailles de pangolin. LAGA est une ONG qui travaille avec les agences gouvernementales pour combattre la criminalité liée à la faune au Cameroun, en se concentrant particulièrement sur le commerce illégal des espèces menacées comme les pangolins. LAGA mène des enquêtes, fournit un soutien technique et juridique aux forces de l’ordre, et promeut la sensibilisation du public pour réduire la demande de produits issus de la faune sauvage. Ils travaillent en étroite collaboration avec les responsables pour arrêter et poursuivre les trafiquants de faune, et ont facilité avec succès la saisie de grandes quantités de produits illégaux issus de la faune.
Ces efforts ont abouti à un nombre important d’opérations avec 94 trafiquants arrêtés depuis 2017, et plus de 11 tonnes d’écailles de pangolin saisies. En janvier 2017, plus de 5 tonnes d’écailles de pangolin ont été saisies chez deux trafiquants chinois. Les écailles étaient déjà emballées dans un conteneur et prêtes à être exportées vers la Chine.
Le ministère des Forêts et de la Faune travaille avec LAGA pour mener des opérations visant à protéger les pangolins. C’est une priorité pour le gouvernement, et ils s’associent à des ONG pour s’assurer que les efforts de conservation des pangolins soient couronnés de succès. Ensemble, ils prennent des mesures pour lutter contre le commerce illégal des espèces sauvages et protéger les populations de pangolins en danger.
Lorsque les trafiquants de faune sont arrêtés, ils font souvent face à des conséquences juridiques. La loi protège les pangolins et autres animaux sauvages au Cameroun, et posséder une partie d’une espèce protégée est considéré comme équivalent à la capturer ou la tuer. Cela signifie que les trafiquants peuvent être condamnés à une peine de prison de 1 à 3 ans et à une amende de 3 à 10 millions de FCFA. S’ils sont arrêtés, les trafiquants seront présentés à un procureur d’État qui décidera s’il y a suffisamment de preuves pour engager un procès. Si l’affaire est portée devant un tribunal, un juge décidera en fin de compte si le trafiquant doit aller en prison ou non. Les décisions récentes des tribunaux ont aidé à dissuader les trafiquants d’écailles de pangolin et à soutenir les efforts pour protéger ces animaux.
En 2022, un trafiquant arrêté à Bertoua avec 246 kg d’écailles de pangolin a été condamné à 19 mois de prison. De même, un autre trafiquant arrêté à Yaoundé avec 392 kg d’écailles de pangolin a été condamné à 13 mois de prison. Ces peines de prison servent de dissuasion pour les autres, et donnent l’espoir que si nous continuons à lutter contre le trafic de pangolins, l’espèce pourrait survivre à long terme. Cependant, il reste encore beaucoup de travail à faire pour protéger ces fourmiliers écailleux.”